La LND se plaignait notamment d’une décision des autorités d’interdire les meetings électoraux dans les stades, alors que la lauréate du prix Nobel de la paix attire des foules immenses chaque fois qu’elle se déplace en province. “Nous ne considérons pas ça comme une décision ordinaire. Nous avons la sensation que l’objectif est d’entraver la campagne de la LND”, avait insisté Nyan Win dans l’après-midi. “Si cette situation ne change pas, nous ne considérerons pas ces élections justes”, avait-il prévenu.
Aung San Suu Kyi a lancé il y a dix jours sa campagne à Kawhmu, une circonscription rurale rattachée à la plus grande ville du pays. Comme à chaque sortie, elle a été saluée sur son chemin par des milliers de partisans en liesse, agitant des drapeaux de la LND et brandissant des photos de son père, héros de l’indépendance, le général Aung San. Mais elle avait une semaine auparavant décidé de reporter un voyage prévu à Mandalay, une grande ville du centre du pays, après avoir appris que le stade de football où elle devait faire un discours ne serait pas disponible.
La LND avait remporté les élections de 1990 sans jamais être autorisée à prendre le pouvoir. La “Dame” de Rangoun était alors déjà en résidence surveillée, où elle est demeurée pendant quinze des vingt-deux dernières années, jusqu’à sa libération en novembre 2010. Sa carrière politique, entamée en 1988 alors que le pays se révoltait contre la junte, prend actuellement une nouvelle dimension.