“La société des rédacteurs du Monde proteste contre la publication d’un supplément +Stratégies internationales, spécial Algérie+, publié dans le quotidien daté du 4 juillet”, écrit la Société des Rédacteurs du Monde (SRM), actionnaire du journal, dans un communiqué.
“Ce supplément publicitaire entretient la confusion avec une information journalistique indépendante, tant sur le fond que sur la forme”, poursuit la SRM qui souligne que la Une du quotidien “ne fait nulle mention du caractère publicitaire et commercial de cette opération”.
La première page du Monde évoque sur fond bleu un “supplément de 16 pages Spécial Algérie”, alors qu’il s’agit d’un cahier publicitaire, non-journalistique, réalisé par une agence de communication et destiné à promouvoir l’Algérie tout en recueillant des publicités d’entreprises algériennes. Le cahier en question porte en revanche une discrète mention “publi-communiqué”.
“Plusieurs médias ont improprement annoncé que Le Monde publiait” dans cette édition une “interview” du président Bouteflika, note pour sa part mardi la direction du Monde dans un communiqué.
Cet entretien est paru “dans le cadre d’un supplément publicitaire + Stratégies internationales, spécial Algérie+ auquel les rédactions du Monde n’ont pas été associées”, précise-t-elle.
Elle souligne, par ailleurs, que ce supplément portait l’indication de publi-communiqué “afin de le différencier des publications du Monde”.
La direction du Monde ajoute qu’elle “se réserve toute possibilité de faire valoir en justice ses droits si de tels agissements ou communications inappropriées devaient à nouveau porter préjudice à l’intégrité et à l’indépendance de ses rédactions”.
L’agence de presse algérienne APS a repris mardi dans une dépêche les propos du président Bouteflika comme extraits “d’un entretien au journal français Le Monde”, tandis que le quotidien électronique TSA (Tout sur l’Algérie) dénonçait l’opération sous le titre “Quand Bouteflika et ses ministres paient la diffusion de leurs interviews en France”.
“Ce supplément nuit gravement à la crédibilité du journal et au travail des rédacteurs du Monde”, selon la SRM qui dénonce “un communiqué de presse, rédigé par une agence extérieure, utilisant le logo du Monde, en contravention de nos règles et sans signaler le caractère commercial de ce supplément”.
La SRM critique en outre le fait que ce communiqué ait été envoyé à l’Association de la presse diplomatique française.