Tunisie : Les experts avertissent contre la hausse du nombre de chiffonniers

Des spécialistes, des médecins et des économistes ont mis en garde contre la hausse du nombre de chiffonniers (fouilleurs de poubelles) et requis des solutions radicales concernant cette catégorie sociale.

 

Les chiffonniers entament leur besogne dès la levée du jour entre les rues et les conteneurs ainsi que devant les locaux commerciaux à la recherche d’un gagne-pain comportant moult dangers et maladies.

Les histoires des chiffonniers se ressemblent. En effet, les conditions de vie difficiles ont mené ces derniers à exercer cette activité exténuante et dangereuse. Près de l’un des conteneurs de Ben Arous (Banlieue Sud de Tunis), Ahmed, un jeune homme, âgé de 18 ans, à l’allure frêle, a évoqué les circonstances qui l’ont poussées à quitter les bancs de l’école pour en arriver à ce métier.

 

“Etre un chiffonnier est la profession qui me convient car elle me permet d’être libre et actif a dit le jeune homme qui tirait un vieux chariot, couvert d’une couche de saleté, jusqu’à ne plus en pouvoir distinguer sa couleur, et plein de bouteilles en plastique.

Om El Khir, une chiffonnière âgée de 40 ans, est en train de collecter les bouteilles devant un café à El Mourouj (Ben Arous) avec son petit enfant qui l’accompagne dans sa fouille et qu’elle ne cessait de maltraiter. Elle a imputé cette violence au jugement négatif que la société porte sur les chiffonniers dont la tâche est ardue et qui ne cherchant qu’à s’assurer une source de revenu.

“Je préfère ce métier à celui de femme de ménage dans les foyers ou tout autre endroit, ce travail me permettant de satisfaire mes besoins et ceux de mes quatre enfants qui poursuivent encore leurs études”, a-t-elle expliqué.

“Mon travail me procure en moyenne 8 dinars par jour, selon les quantités collectées”, a fait savoir un autre chiffonnier qui a refusé de révéler son identité et fouillait dans l’un des conteneurs de la cité El Yasminette, à Ben Arous, après avoir fait de l’âne son accompagnateur et moyen de transport de ses sacs remplis de toutes sortes de déchets.

 

La sociologue Wahiba Chabbi a fait savoir que la fouille des poubelles est une image incivile mais elle aide cette catégorie à surmonter leurs conditions difficiles qui peuvent conduire à la délinquance. La spécialiste qui exerce dans l’un des établissements de protection des handicapés a appelé à l’impératif de changer la vision que la société a du métier de chiffonnier, le principal facteur, selon elle, causant des problèmes sanitaires et environnementaux.

Elle a insisté sur la nécessité de trouver des solutions radicales permettant d’éloigner cette catégorie des dangers résultant de ce métier, et ce à travers, la promulgation de lois régissant cette activité et protégeant les droits des personnes concernées. Il s’agit par ailleurs d’interdire aux enfants de fouiller les poubelles.

L’exercice de cette activité est la résultante de la pauvreté et du chômage, a-t-elle dit.

Ali Saidi, avocat et conseiller juridique, a fait remarquer que la fouille des poubelles n’est pas considérée comme un crime sanctionné par la loi mais l’exercice de cette activité peut mener les personnes à commettre des infractions.

M. Saidi a souligné, dans ce cadre, que des enfants volent certaines matières premières, tels que le cuivre et le fer, vu l’augmentation de leur prix à une certaine période.

Ridha Gharsalli, médecin spécialiste en Gastro-Hepathologie a exprimé sa surprise quant à la propagation de ce phénomène (fouille des poubelles), cause de plusieurs maladies dermatologiques et respiratoires.

 

Parmi les principales maladies qui touchent cette catégorie, il a cité le tétanos, une maladie dangereuse causée par une bactérie qui s’introduit dans les blessures et entraîne des émissions toxiques paralysant les systèmes nerveux et respiratoire ainsi que les muscles du coeur.

Dr. Gharsalli a mis en garde contre la contagion rapide par les microbes transférés par les saletés incrustées sous leurs ongles, lors de la prise des repas, et qui provoquent l’hépatite A, une maladie en rapport avec les intoxications alimentaires et fort contagieuse.

Selon les données publiées sur le site électronique du ministère tunisien de la Santé publique, cette maladie touche près de 14 mille personnes par an, dans le monde, d’où la nécessité d’identifier des solutions tangibles à même de mettre fin à ce phénomène, cause principale de la propagation de cette maladie.

Dr. Gharsalli a ajouté que les risques sanitaires issus de ce phénomène représente un danger pour toute la société car cette maladie touche également l’entourage des chiffonniers.

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