Aung San Suu Kyi a longtemps été synonyme de courage, d’obstination, d’indépendance, de volonté hors du commun face à la brutalité d’une junte militaire qui a régné sans partage durant cinq décennies.
Son combat pour la démocratie lui a valu un Prix Nobel de la paix. Mais depuis son élection au Parlement l’an dernier, Aung San Suu Kyi est de plus en plus critiquée, y compris par d’anciens admirateurs. Ils mettent en cause son attitude vis-à-vis de la junte. On lui reproche une proximité et peut-être même une complaisance.
Par exemple, son apparition à la parade annuelle de l’armée le 27 mars dernier aux côtés de ceux qui l’ont maintenue enfermée en résidence surveillée pendant 15 longues années en a agacé plus d’un.
Autre grief, son silence pesant devant les violences meurtrières entre bouddhistes et musulmans, qui ont éclaté en juin dernier dans l’Ouest et qui agite de nouveau le centre du pays depuis une dizaine de jours. Cette attitude a tout l’air d’un fin calcul politique en prévision des élections présidentielles dans deux ans.
En évitant le sujet ethnique, l’opposante veut se donner toutes les chances de remporter ces élections sans froisser une majorité nationaliste et parfois xénophobe. Ce pari est dangereux tant le chemin de ce pays vers la démocratie reste long et semé d’embûches