On s’en doutait, mais désormais, on en a la confirmation noir sur blanc : l’embargo sur les exportations de pétrole iranien inflige certes de sérieux dommages à l’économie de Téhéran, mais il n’empêche pas la République islamique de se rapprocher de la bombe atomique. Bien au contraire : si l’on en croit les inspecteurs de l’AIEA, l’Iran a même accéléré l’équipement de son site le plus controversé, celui de Fordo, situé dans un bunker, à l’abri d’éventuels raids aériens israéliens.
Il y a désormais précisément 2 784 centrifugeuses, toutes d’un type IR-1 ancien, installées sous une montagne, près de la ville sainte de Qom, soit 644 de plus qu’en août dernier. Dans les mois qui viennent, cela devrait permettre à l’Iran d’augmenter nettement sa production d’uranium enrichi à 20%. Téhéran possède désormais 7611 kg d’uranium enrichi à 5% et 232,8 kg d’uranium enrichi à 20%. Et c’est ce dernier stock qui pose problème : plusieurs résolutions du Conseil de sécurité de l’ONU interdisent à Téhéran d’enrichir à un tel taux, car purifié à 90%, l’uranium entre dans la composition de l’arme atomique. Enrichir à 20% n’est en outre pas nécessaire dans le cadre d’un programme purement civil.
Par ailleurs, l’AIEA détaille, à l’occasion de ce dernier rapport, les preuves lui permettant d’affirmer que Téhéran efface depuis un an toute trace d’activités liées à la fabrication d’une bombe, sur le site militaire de Parchin, dont elle interdit toujours l’accès aux inspecteurs.
Dans les prochains mois, les relations entre l’AIEA et l’Iran, déjà exécrables, ne vont donc pas s’améliorer. En septembre dernier, Fereydoun Abbasi Davani, l’un des 12 vice-présidents de la République islamique, a accusé directement l’Agence de Vienne d’avoir un lien avec des opérations de sabotage visant ses installations nucléaires. Une première.
Sur le terrain, les inspecteurs sont désormais intimidés et font l’objet de menaces. Certains se voient traités d’espions « à la solde des Américains ». Les analystes craignent une posture de l’Iran, en vue de justifier une prochaine réduction de sa coopération avec l’AIEA.