Ce protocole d’accord est une surprise. Les Etats-Unis avaient plusieurs fois avancé que les autorités afghanes n’étaient pas prêtes à prendre le contrôle de ce centre de détention. « La situation a-t-elle changé du jour au lendemain ? Difficile à croire », ironise Sultan Zoy. Le politologue afghan affirme que cette décision n’est pas rationnelle, mais politique. Car à l’approche des élections présidentielles aux Etats-Unis, le chef de l’Etat Barack Obama souhaite à tout prix signer un accord beaucoup plus large avec Kaboul, avant le prochain sommet de l’Otan en mai 2012 à Chicago.
Un partenariat stratégique qui doit fixer les termes de la présence américaine dans le pays après 2014, date du retrait des forces de la coalition. Le transfert de la prison de Bagram était l’une des conditions posées depuis plusieurs mois par le président afghan. Plusieurs centaines d’insurgés présumés, la plupart afghans, y sont détenus sans jugement. Des sources diplomatiques estiment que l’incident des Corans brûlés à Bagram par des soldats américains, qui avait profondément choqué la population afghane, a donné à Hamid Karzaï un pouvoir de pression supplémentaire sur son allié.
C’est donc un point de blocage en moins avant la signature de ce partenariat entre les deux pays. Reste une autre condition: Kaboul exige l’arrêt des raids aériens nocturnes par les forces américaines.