Créer un tribunal spécial pour juger les crimes de guerre commis il y a 40 ans pendant la guerre d’indépendance, c’était l’une des principales promesses électorales de Cheikh Hasina, élue triomphalement Premier ministre en 2008. Son gouvernement estime à plus de 3 millions le nombre de victimes de cette guerre qui a abouti en 1971 à la division du Pakistan.
Parmi ceux soupçonnés d’atrocités (meurtre, génocide, viol, incendie criminel ou conversion forcée d’hindous à l’islam) : Delawar Hossain Sayedee (71 ans), le leader du plus grand parti islamiste du pays, Jamaat-e-Islami. Sayedee et une dizaine d’autres suspects qui s’opposaient à l’indépendance du Bangladesh ont combattu dans les milices créées par l’armée pakistanaise.
Mais Sayedee est aussi la bête noire du pouvoir qui tente d’éradiquer l’islam rigoriste. Et si beaucoup, dans l’opinion, souhaitent voir les criminels jugés, un doute subsiste sur les réelles motivations du pouvoir à organiser le procès. Du coup, les observateurs craignent que la procédure soit surtout un règlement de compte du pouvoir avec ses adversaires politiques. Le risque de répression est en effet bien réel dans un pays miné par les querelles politiques depuis sa création.