«Je ne veux pas que mon nom soit associé à une organisation islamophobe», déclare Amina dans un entretien à l’édition maghrébine du site d’information Huffington Post. «Je n’ai pas apprécié l’action où les filles criaient Amina Akbar, Femen Akbar (une parodie de prière, ndlr) devant l’ambassade de Tunisie enFrance, ou quand elles ont brûlé le drapeau du Tawhid (dogme fondamental de l’islam, ndlr) devant la mosquée de Paris. Cela a touché beaucoup de musulmans et beaucoup de mes proches. Il faut respecter la religion de chacun», ajoute-t-elle.
Amina fait ici référence à deux actions menées par ses consœurs en France pour la soutenir, alors qu’elle était en détention provisoire pour avoir peint mi-mai le mot «Femen» sur le muret d’un cimetière de Kairouan (150 km au sud de Tunis), dans le but de dénoncer un rassemblement d’un mouvement salafiste interdit par les autorités. La jeune militante avait déjà pris certaines distances avec les Femen qui avaient brûlé un drapeau salafiste devant la Grande mosquée de Paris.
«Je ne veux pas être dans un mouvement où il y a de l’argent douteux»
Par ailleurs, la jeune fille de 18 ans critique aussi l’opacité du financement de Femen, une organisation féministe fondée en Ukraine et désormais basée à Paris, connue pour ses actions seins nus en soutien aux droits des femmes et contre les dictatures.
«Je ne connais pas les sources de financement du mouvement. Je l’ai demandé à plusieurs reprises à Inna(Shevchenko, chef de Femen, ndlr) mais je n’ai pas eu de réponses claires. Je ne veux pas être dans un mouvement où il y a de l’argent douteux. Et si c’était Israël qui finançait? Je veux savoir», explique Amina, qui se dit désormais «anarchiste».
La lycéenne s’était rendue célèbre en mars sous le pseudonyme d’Amina Tyler en publiant sur internet des photos seins nus et en se revendiquant de Femen, ce qui lui avait valu des menaces de la mouvance salafiste. Mi-août, elle a publié sur internet un nouveau cliché seins nus où on la voit allumant un cocktail Molotov avec une cigarette, au moment où la Tunisie est plongée dans une profonde crise politique. L’opposition réclame la démission du gouvernement dirigé par les islamistes à la suite del’assassinat le 25 juillet du député Mohamed Brahmi, attribué à la mouvance jihadiste.