Le tribunal spécial a été mis en place en accord avec l’Union africaine pour juger l’ex-dictateur pour des crimes commis lorsqu’il était au pouvoir, de 1982 à 1990, dont le meurtre de prisonniers politiques.
Mais l’ex-président sénégalais Abdoulaye Wade a tardé à entamer des poursuites judiciaires contre Hissène Habré, condamné à mort par contumace pour crimes contre l’humanité par un tribunal de N’Djaména en 2008.
L’an dernier, la Cour internationale de justice a rappelé à l’ordre le Sénégal pour avoir manqué à ses obligations.
Les nouvelles autorités sénégalaises semblent donc vouloir accélérer les choses au lendemain d’une visite du président américain Barack Obama, qui a vanté l’indépendance du système judiciaire sénégalais.
“(Hissène Habré) a été arrêté ce matin et placé en détention à la demande du procureur”, a déclaré le porte-parole du tribunal, Marcel Mendy.
L’ancien dirigeant tchadien, âgé de 70 ans, ne devrait toutefois pas comparaître devant la justice avant début 2015, l’enquête préliminaire n’étant pas terminée.
La presse sénégalaise a publié des photos montrant l’ancien président, portant son traditionnel boubou blanc, emmené de sa maison de Dakar par les forces de sécurité.
Les avocats d’Hissène Habré ont dénoncé un “enlèvement” et exigé la libération immédiate de leur client.
“L’arrestation du président n’a aucune base légale. La défense n’a jamais été informée d’une quelconque sommation. C’est une violation de ses droits”, disent-ils dans un communiqué.
L’ONG Human Rights Watch (HRW), pour sa part, a salué cette décision. “Après 22 ans, les victimes d’Habré peuvent finalement voir la lumière au bout du tunnel”, a dit Reed Brody, qui s’occupe du dossier Habré à HRW depuis 1999.
Diadié Ba; Tangi Salaün et Guy Kerivel pour le service français