Le film “Innocence of Muslims” (“L’Innocence des musulmans”) “est offensant pour le prophète et immoral”, a dit le gouvernement du Premier ministre Hicham Qandil dans un communiqué.
“Tous les Egyptiens, musulmans et chrétiens, expriment leur rejet de cette insulte”, a-t-il ajouté, alors que des Coptes (chrétiens d’Egypte) s’apprêtent à manifester contre le film dans la soirée et que le puissant mouvement des Frères musulmans a appelé à des rassemblements vendredi.
Le président Mohamed Morsi souhaite que “toutes les mesures légales contre les producteurs” du film soient prises, a indiqué l’agence officielle Mena.
Le gouvernement a parallèlement demandé au “grand peuple d’Egypte de faire preuve de retenue dans l’expression de sa colère”, au lendemain d’une manifestation devant l’ambassade des Etats-Unis au Caire au cours de laquelle un groupe a abaissé le drapeau américain pour le remplacer par un étendard islamiste.
Il a jugé “regrettables” les incidents survenus devant l’ambassade.
Quatre personnes “accusées d’avoir fait irruption dans l’ambassade” ont été arrêtées mercredi, selon la Mena, qui n’a pas donné plus de précisions.
Les autorités ont aussi indiqué que la sécurité avait été renforcée aux abords de la représentation diplomatique américaine, proche de la célèbre place Tahrir, lieu de prédilection des grandes manifestations politiques depuis le soulèvement contre le régime de Hosni Moubarak début 2011.
Des appels à manifester mercredi soir devant l’ambassade ont été lancés par des organisations coptes, qui jugent elles aussi ce film “insultant” pour l’islam, religion largement majoritaire dans le pays.
Le film à l’origine de ces troubles a été réalisé par un Israélo-Américain qui décrit l’islam comme un “cancer”, selon le Wall Street Journal.
Inquiétude parmi les Coptes
Mais en Egypte, la perception répandue par des médias et des prédicateurs fondamentalistes est qu’il est le fait de Coptes vivant aux Etats-Unis, une accusation reprise par les manifestants mardi.
L’Union des jeunes de Maspéro, qui regroupe de jeunes chrétiens d’Egypte, a souligné que “les Coptes qui ont pris part à la production du film en question ne sont pas représentatifs de la grande majorité des Coptes. Ils ne représentent ni le christianisme ni l’église, ni les Coptes de la diaspora”.
Les chrétiens d’Egypte représentent quelque 6 à 10% des 82 millions d’habitants, et dénoncent régulièrement des discriminations et des violences parfois meurtrières à leur encontre.
L’élection en juin dernier d’un président islamiste, Mohamed Morsi, a aggravé les craintes de cette communauté, malgré les assurance du nouveau chef d’Etat d’être “le président de tous les Egyptiens”.
“Nous sommes nerveux en ce moment. En fait nous le sommes depuis que les islamistes sont au pouvoir”, a affirmé à l’AFP Hani Ramses, un membre de l’Union des Jeunes de Maspéro.
“Le président (Morsi) doit rassurer toutes les minorités et tous les Egyptiens (et leur dire) qu’ils seront respectés, que leurs biens et leurs lieux de culte seront respectés”, a-t-il ajouté.
Les chrétiens veulent aussi “que l’on trouve les Coptes qui sont derrière cela et que l’on cesse d’accuser les Coptes en général”, qui dans leur immense majorité “sont contre toute offense contre quelque religion que ce soit”, a-t-il poursuivi.
Le mouvement des Frères musulmans, première force politique du pays, dont vient M. Morsi, appelle quant à lui à des manifestations pacifiques devant les mosquées partout dans le pays vendredi, jour de la traditionnelle prière des musulmans.
La confrérie, qui pourrait chercher à récupérer l’émotion populaire mais aussi à la canaliser pour éviter qu’elle ne dégénère, invite “toutes les forces du pays” à se joindre à ces rassemblements “pacifiques” destinés à dénoncer “les insultes contre la religion et le prophète”.