La Libye veut éviter d’affronter les intégristes

TRIPOLI (Reuters) – Le ministre de l’Intérieur libyen a déclaré mardi qu’il ne risquerait pas une confrontation armée avec les fondamentalistes musulmans qui sont derrière la série d’attaques à caractère communautaire qui ont frappé la Libye ces derniers jours.

Des islamistes intégristes ont détruit samedi le mausolée d’Al Chaab situé au coeur de Tripoli au lendemain de la destruction du tombeau d’un autre théologien soufi à Zlitane, dans l’ouest du pays.

Faouzi Abdel A’al a défendu la décision des forces de sécurité de ne pas engager une confrontations avec les assaillants, lourdement armés, qui pourraient surpasser la puissance de feu des forces gouvernementales.

“Si nous traitons cela en recourant à la sécurité, nous serons forcés d’utiliser des armes, et ces groupes ont des quantités énormes d’armes. Nous ne pouvons occulter cela. Ces groupes sont importants en puissance et en nombre en Libye. Je ne peux entrer dans une bataille perdue d’avance pour tuer des gens à cause d’une tombe”, a-t-il dit, ajoutant que l’arrêt des profanations incombait aux organisations religieuses du pays.

“Si toutes les tombes en Libye sont détruites afin que nous puissions éviter la mort d’une (seule) personne (dans des affrontements avec les forces de sécurité), alors c’est un prix que nous sommes prêts à payer”, a ajouté le ministre dans un aveu de faiblesse face aux défis sécuritaires qu’affronte le pays.

Les attaques de deux mausolées soufis par des salafistes ont ravivé les inquiétudes de voir se répandre les actes de violence entre milices rivales depuis la chute de Mouammar Kadhafi.

Le gouvernement tente de limiter l’influence de dizaines de milices armées présentes en Libye, dont la plupart ont pris part à la révolution qui a conduit à la mort du dirigeant libyen en octobre, et qui ont refusé de déposer les armes.

Le ministre de l’Intérieur libyen avait originellement présenté sa démission samedi après que les forces de sécurité ont été critiquées pour leur inaction face à l’assaut lancé contre un mausolée situé en plein coeur de Tripoli.

Mais Faouzi Abdel A’al a déclaré mardi qu’il avait réfléchi et décidé de conserver son poste.

“Quand j’ai présenté ma démission, je pensais soulager de nombreuses personnes. Mais il semble que ma démission compliquerait davantage la sécurité et je l’ai retirée”, a précisé le ministre, sans entrer dans les détails.

Il a indiqué par ailleurs qu’il était en train d’examiner les accusations selon lesquelles certains membres des forces de sécurité auraient été impliqués dans les attaques des mausolées. “Si leur culpabilité est avérée, ils en subiront les conséquences”, a-t-il annoncé.

Le ministre n’a pas accusé une organisation en particulier pour les destructions mais souligné qu’elles avaient été menées par “des groupes qui ont une stricte idéologie islamique selon laquelle ils pensent que des tombes et des mausolées doivent être profanés”, a-t-il ajouté.

Partisan de l’islam des origines, les salafistes jugent les sites soufis impies. Des telles destructions ont également eu lieu récemment en Egypte et au Mali.

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