La Cedeao a envoyé dimanche 15 avril une délégation en Guinée-Bissau, théâtre d’un coup d’État trois jours plutôt, à deux semaines du deuxième tour de la présidentielle. Emmenée par plusieurs ministres et chefs d’état-major de pays de la région, elle avait pour mission de remettre de l’ordre dans un pays en proie à une grave crise politique et gangréné par la corruption et le trafic de drogue.
La délégation a rencontré des diplomates ouest-africains avant de négocier durant la nuit du dimanche 15 au lundi 16 avril avec les militaires de la junte, auteure du coup d’État. Au terme de ces négociations, les putschistes se sont engagés à restaurer l’ordre constitutionnel. Désiré Kadré Ouédraogo, président de la commission de la Cédéao a déclaré à l’issue de la rencontre qu’un accord serait bientôt trouvé. « Nous sommes tombés d’accord sur le fait que les militaires acceptent la décision de la Cédéao (…) qui a exigé le retour à l’ordre constitutionnel », a-t-il affirmé.
Selon une source proche des discussions, la délégation devrait aussi rencontrer la classe politique bissau-guinéenne. Aucune autre information n’a filtré sur cette mission, qui devrait prendre fin mardi 17 avril à 00h30 heure locale.
Cette présence semble avoir donné de la verve aux opposants locaux. Alors que des négociations étaient menées avec la junte et qu’un accord avait été trouvé, les cinq principaux opposants ont finalement pris leur distance avec les putschistes déclarant « fermement condamner » le « soulèvement militaire » et exigeant « le retour rapide à l’ordre constitutionnel ».
Accord rejeté
Les deux partis avaient trouvé un accord lundi 16 avril prévoyant notamment la création d’un Conseil national de transition (CNT). Les cinq opposants – candidats malheureux à la présidentielle – dont Henrique Rosa, ont d’ores et déjà fait savoir qu’ils ne participeraient pas au CNT, sans toutefois préciser quelle sera l’attitude de leurs partis politiques.
L’ancien président Kumba Yala, arrivé second derrière Carlos Gomes Junior au premier tour de la présidentielle, a condamné le coup d’État : « nous sommes choqués par ce (soulèvement) », a-t-il déclaré. Pour rappel, Yala avait annoncé qu’il boycotterait le second tour, invoquant des « fraudes massives » lors du premier scrutin. Les quatre autres candidats lui avaient emboité le pas, précipitant le pays dans une grave crise politique.
Le président par intérim Raimundo Pereira et Carlos Gomes Junior, ancien Premier ministre et favori à la présidence, ont été arrêtés par la junte. Le secrétaire général de l’Onu, Ban Ki-moon, a appelé lundi 16 avril à « leur libération immédiate », estimant que les putschistes en Guinée-Bissau ne faisaient « qu’aggraver la crise politique dans le pays en annonçant leur intention de mettre en place un gouvernement national de transition ». Même son de cloche du côté de la délégation de la Cedeao, la libération des deux dirigeants « une condition sine qua non du retour à l’ordre constitutionnel ».
Peu après le départ de la délégation africaine, les putschistes ont interdit mardi 17 avril les marches et manifestations. Dans un communiqué, l’état-major a fait savoir que les contrevenants seront l’objet d’une répression sévère.
(Avec AFP)